Chapitre 1 - Transcription et Prononciation du Shimaore



 A - L'ORTHOGRAPHE DU SHIMAORE : 


Le shimaore reste à ce jour une langue essentiellement orale. En l'absence d'une orthographe officielle du shimaore, différentes tentatives ont été faites pour le transcrire à l'écrit. On rencontre trois grands types de transcriptions écrites, d'usages plus ou moins répandus : un système de transcription en lettres arabes et deux systèmes de transcription en lettres latines, l'un "francisé", c'est-à-dire reproduisant les difficultés de l'orthographe française, et l'autre de type "swahili" qui s'appuie sur une analyse phonétique de la langue.

document 1 <--- Cliquez sur l'image pour voir un exemple de transcription arabe.



Cliquez sur l'image pour voir un exemple de transcription en lettres latines et orthographe francisée --->
document 2

C'est l'orthographe de type "swahili" que nous avons retenue dans ces pages, car la mieux adaptée à la morpho-syntaxe du shimaore.


A titre d'exemple, là où un partisan de l'orthographe "francisée" écrirait : ouatou, mouhimou, oufagnioua, hatoire, licoli, caribou, etc.. Un partisan de l'orthographe "swahili" écrira les mots : watru, muhimu, ufanyiwa, hatwari, likoli, karibu, etc..


Outre sa simplicité, cette transcription a le mérite de rendre transparente les similitudes qui existent entre le shimaore et le swahili, les autres variétés de langues comoriennes, et les langues bantoues en général. C'est aussi la seule reconnue par les outils d'analyse des langues bantoues sur internet.



 B - L'ALPHABET DU SHIMAORE : 


Le principe de base retenu pour établir l'alphabet du shimaore, est de transcrire chaque son ou phonème distinct par une graphie distincte (une lettre ou un groupement de lettres), toujours la même, et réciproquement.


L'alphabet du shimaore comprend :

  • 23 lettres simples : a, b, d, e, f, g, h, i, j, k, l, m, n, o, p, r, s, t, u, v, w, y, z.

    attention !  Les lettres c, q, x, ne sont pas utilisées. 
  • 9 digraphies : dh, dj, dr, dz, ny, sh, th, tr, ts.

  • 1 tri-graphie : tsh (qui correspond à la digraphie ch du swahili).

  • 3 lettres voyelles surmontées d'un "tilde" : ã, ĩ, õ.

  • 3 lettres soulignées : b, d, v ce qui permet de distinguer visuellement les 2 prononciations du "b", du "d" et du "v".

 nouveau Voir : Alphabet officiel du Shimaore, 22 Février 2006.




 1. LES VOYELLES : 


ECRITUREPHONÈMEEXEMPLEEquivalent Français
A, a[a]papa (requin)papa
E, e[e]jeje (bonjour)bébé
I, i[i]fi (poisson)si, mi
O, o[o]koko (grand-mère)coco
U, u[u]kuhu (poulet) coucou



 2. LES VOYELLES NASALES : 


ECRITUREPHONÈMEEXEMPLEEquivalent Français
Ã, ã[ã]ãhã (non)an, en
Ĩ, ĩ[ĩ] Ĩhĩ (oui)un, hein
Õ, õ[õ] muhõko (palétuvier)on



 3. SUCCESSION DE 2 VOYELLES : 


A l'inverse du français, deux voyelles écrites qui se suivent ne s'associent jamais entre elles pour former un son unique. Chacune conserve sa valeur propre.

Par exemple : ou se prononce "o-ou", au se prononce "a-ou", eu se prononce "e-ou", etc..

Théoriquement, toute voyelle peut se trouver en succession avec n'importe quelle autre.

Dans les suites ai, ia, io, on peut quelquefois entendre un "y" intervocalique.

Par exemple : laini ou layini (= lisse)

ulia ou uliya (= pleurer)

shio ou shiyo (= un livre)


De même, un "w" intercalaire peut être entendu dans les suites uo, ua, eo, ao.

Par exemple : uona ou uwona (= voir)

vua ou vuwa (= la pluie)

leo ou lewo (= aujourd'hui)

wao ou wawo (= ils, elles, eux)

Tout le problème est de savoir s'il faut transcrire ou non à l'écrit ce w ou ce y intercalaire : nous avons fait le choix de ne pas écrire la semi-voyelle lorsque le son intervocalique est très peu marqué ou involontaire.




 4. LES SEMI-VOYELLES : 


ECRITURE PHONÈME EXEMPLE Equivalent Français
W, w[w]ewa (oui)oui, weekend
Y, y[j]waye (lui / elle)yoyo, fille



 5. LES CONSONNES SIMPLES : 


ECRITURE PHONÈME EXEMPLE Equivalent Français
B, b[b]bibiro (biberon)bébé
B, b[bimplosif] (implosif)baba (Papa)son léger, sans expiration d'air
D, d[d]damu (sang)dame
D, d[dimplosif] (implosif)dago (ville)l'air est expiré latéralement
F, f[f]fi (poisson)fa, feu
G, g[g]gari (voiture)gare, gui
H, h[h]halo ! (allons !)en anglais : hello !
J, j[zh]jeje (bonjour)je
K, k[k]koko (grand-mère)coq, képi
L, l[l]lala ! (dors !)la
M, m[m]mama (maman)maman
N, n[n]na (et, avec)non
P, p[p]papa (requin)papa
R, r[r]range (couleur)en espagnol : pero
S, s[s]sa (heure)sa, tasse
T, t[t]titi (petit)tante
V, v[v]vua (pluie)vous, va
V, v[ß]vavo (là)en espagnol : vaca, ave
Z, z[z]ziri (des chaises)zoo, chaise



 6. SONS CONSONNES SIMPLES RENDUS A L'AIDE DE DIGRAPHIES ET TRI-GRAPHIES : 


ECRITURE PHONÈME EXEMPLE Equivalent Français
Dh, dh[dh]dhahabu (or)en anglais : this
Dj, dj[dzh]djini (djinn)Djibouti, djellaba, djinn
Dr, dr[dr]dradraka (crabe)en anglais : dream, r très faible
Dz, dz[dz ]dzitso (œil)Dzaoudzi
Ny, ny[ny]nyama (viande)pagne
Sh, sh[sh]shio (livre)chat
Th, th[th]thalathini (trente)en anglais : thank you
Tr, tr[tr]traru (trois)en anglais : tree, r très faible
Ts, ts[ts]tsano (cinq)tsé-tsé
Tsh, tsh[tsh]tshari (achard)caoutchouc, tcha-tcha



 7. LES CONSONNES PRÉ-NASALISÉES : 


ECRITURE PHONÈME A L'INITIALE EN MILIEU DE MOT
Mb, mb[mb]Mbuzi (chèvre)nyumba (maison)
Mp[mp]Mpia (nouveau) 
Nd, nd[nd]Ndovu (éléphant)fundi (artisan)
Ndj[ndzh]Ndjema (bien) 
Ndr, ndr[ndr]Ndrimu (citron)mundru (pied)
Ndz, ndz[ndz]Ndzi (mouche)sindza (banane)
Ng, ng[ng]Nguo (vêtement)mulango (porte)
Nts, nts[nts]Ntsohole (riz)farantsa (France)


A l'initiale du mot, la consonne pré-nasalisée résulte de la combinaison du préfixe de classe N- et de la consonne suivante. A noter que N- + B donne MB et N- + P donne MP.



 C - SYLLABE, ACCENT TONIQUE ET PRONONCIATION : 


La syllabe en shimaore est dite ouverte, c'est-à-dire qu'elle se termine sur un son vocalique.


EXEMPLE :    A-SU-BU-HI  NDJE-MA (= bonne matinée)


On rencontre cependant un très petit nombre de syllabes fermées, c'est-à-dire des syllabes qui se terminent par un son consonantique, surtout dans des mots d'emprunt à l'arabe et au français. Il est alors fréquent d'interposer une voyelle I ou U qui crée une syllabe ouverte supplémentaire.


EXEMPLES : 


BAN-KI (= banque)
BAR-JI (= barge)
BAS !BA-SI(= assez)
DUK-TERADU-KU-TE-RA(= docteur)
LAP-TALILA-PI-TA-LI(= l'hôpital)
MAR-KA-BUMA-RI-KA-BU(= bateau)
MAR-KEMA-RI-KE(= l'argent)
MAS-KI-NIMA-SI-KI-NI(= pauvre)
SAM-LISA-MU-LI(= beurre)
TAK-SITA-KI-SI(= taxi)


L'accent tonique tombe généralement sur l'avant dernière syllabe du mot, mais pas toujours. L'ajout d'un suffixe déplace l'accent tonique d'une syllabe vers la fin du mot.



EXEMPLE : 


NYUMBA['nju-mba](= une maison)
NYUMBANI[nju-'mba-ni](= dans la maison)


L'intonation du shimaore est assez proche de celle du français. Cependant il est courant de mettre un mot en relief dans la phrase en allongeant sa syllabe accentuée.



EXEMPLE :    Mwana muZUUUri ule (= ce bon enfant)




EXERCICES




EXERCICE 1 : Prononcer à voix haute les mots suivants :


  1. na, wa, sa, tsa, ha, mura, mpia, papa, baba, mama, lala, haya, mwana, wana, nyama, mutsanga.

  2. jeje, fetre, wawe, waye, range, munyawe, ewa, ndjema.

  3. fi, tsi, titi, ziri, djini, shiri, mukiri, mushia, mupira, dzina, gari, barji, hairi, tshari, wami, wasi, basi, nyengi.

  4. koko, muhono, vavo, dago, wao, tsano, mulango, mbona, hodi.

  5. kuhu, suku, uku, muzungu, mujuhu, damu, ndrimu, mbu, mutru, mbuyu, traru, ndovu, nguo, vua, vwa, jua, uja, ujua, uwa.

  6. salama, musafara, dradraka, shofera, duktera, mulozi, asubuhi, ujoni, dagoni, kwaheri, habari, safari, karibu, wazungu, dhahabu, wafarantsa, marahaba, thalathini, wasuasili.




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